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Résumé :

Le retour de Marianne Roberts au prestigieux collège Anna Caritas semble avoir enclenché une série d’événements bizarres dans la petite ville de St-Hector. William Walker n’a jamais cru à ce genre de phénomène.

Pourtant, lorsque lui et ses amis décident d’interroger l’au-delà, ils réveillent quelque chose d’étrange dans la maison de Sabrina et bientôt, cette force surnaturelle semble s’attaquer à eux sans répit.

Forcé d’admettre son impuissance face à l’ennemi invisible, William, accompagné de ses fidèles complices, Anthony et Gabrielle, n’aura pas d’autre choix que de se tourner vers celle qu’il essayait d’éviter à tout prix : Marianne.

Mon avis :

Même si je tentais de me persuader que les objets n’avaient pas bougé, que la planchette de jeu n’avait pas fracassé le téléviseur avec une force surnaturelle, que les flammes des chandelles n’avaient pas triplé de taille soudainement, j’avais vu tout cela. J’étais là.

Marianne Roberts est considérée comme la « sorcière » de Saint-Hector : on détourne les yeux lorsqu’elle passe, on murmure sur son passage, on crache en prononçant son nom pour conjurer le sort. Avec sa mèche bleue habillant ses cheveux noirs, son style vestimentaire dérangeant et son magnétisme obscur, Marianne détonne, Marianne dérange.

Mais le jeune William Walker, 14 ans, ne cautionne pas les diffamations dont elle est l’objet. Il a connu Marianne lorsqu’elle venait le garder avec ses deux sœurs ; il refuse de la stigmatiser mais conserve tout de même ses distances. Et puis un soir, l’une de ses camarades, Sabrina, décide de pimenter sa soirée en sortant un ouija. L’expérience vire au drame…

J’ai regardé autour de moi, médusé. Les deux lampes du salon avaient été pulvérisées et leurs morceaux s’étaient éparpillés sur le plancher. Idem pour les bibelots de porcelaine. Par terre, à côté de la télévision bousillée, la planchette rouge gisait à l’envers, immobile. Comment était-ce possible ? Je n’avais pas pu inventer cela. C’était comme si l’objet avait été propulsé par un retour d’élastique… une force invisible. Ni Sabrina ni Maddox n’auraient pu faire ça. Ça dépassait tout entendement.

Très vite, les accidents s’enchaînent, Sabrina dépérit, les copains se sentent observés, suivis, hantés. Ils en sont maintenant assurés : ils ont libéré quelque chose… mais quoi ? Démuni, terrorisé, impuissant devant les malheurs qui s’affalent sur ses amis, William décide d’aller chercher de l’aide auprès de la fameuse Marianne…

Il y a eu un autre son de cloche suivi d’une vibration. Gab a activé son écran et je me suis approché d’elle pour voir.

C ENCORE DANS MAISON ! J’AI

Il n’y avait rien d’autre sur l’écran, juste ces mots écrits avec empressement qui finissaient abruptement. Mon cœur s’est emballé. Peu importe ce qu’elle pouvait bien insinuer, plus que jamais, je refusais de retourner là-bas. Mais le regard apeuré de Gabrielle m’a jeté par terre. Elle s’est mise à trembler. Un autre son de cloche.

AIDE-MOI

Patrick Isabelle reprend les codes de la sorcellerie avec subtilité. Sa séance de ouija est cauchemardesque ; certaines scènes sont incroyablement terrifiantes. On sent la menace qui pèse sur la bande d’amis, on sent l’effroi qui rampe, on sent partout le mal rôder.

Si j’ai été agacée par certains tics de langage et des dialogues manquant parfois de vraisemblance, l’auteur installe une atmosphère irréprochable : c’est asphyxiant, brutal, rugueux. Il aborde surtout une thématique très particulière et fascinante qui m’a littéralement captivée. Et puis son autre réussite, c’est Marianne : elle est ensorcelante, astucieuse, attachante.

Les personnages sont attachants, l’ambiance est lourde et grave. Ce n’est pas exceptionnellement original mais c’est efficace, percutant. Je voulais qu’on m’effraye, qu’on m’empêche de dormir, qu’on m’oblige à allumer toutes les lumières du couloir en me levant la nuit : c’est réussi.

— J’ai fait des choses que j’aurais pas dû faire. J’ai joué avec le feu et j’ai tellement aimé ça qu’à un moment donné, je me suis perdue là-dedans… Je pense que c’est ça qui m’a coûté mon père. Je l’ai peut-être pas fait exprès, mais les trucs que j’ai faits, ça a fini par me revenir en pleine face. Ce jour-là, je me suis promis de plus jamais toucher à ça. De plus jamais y penser, même pas un peu. Rien de bon peut en ressortir, crois-moi! Y a des forces qu’il vaut mieux pas réveiller…

L’auteur ne chavire pas dans le bien-pensant pour consoler et rassurer son lecteur, il assume son propos : une séance de magie occulte n’est ni un passe-temps ni un divertissement pour jeunes en mal de sensations fortes. Il y a de vraies puissances derrière, il y a de réels dangers et des épouvantes qui vous peupleront très longtemps. Quant au final du roman, ingénieux et efficace, il nous promet un deuxième tome tout aussi envoûtant…

Merci aux éditions Kennes et à NetGalley pour cette jolie découverte de fin d’année.