G01418.jpg

Résumé :

Au Pays Imaginaire, les enfants perdus ont la tête pleine de poux et le ventre fourmillant d’angoisse. Peter, Comte des grimaces et des jeux de Gros-mots, répand sa parole philosophique pour rassurer sa tribu, mais lui aussi est rongé par la tristesse et les doutes depuis le départ de Wendy. Seul face à lui-même, il va devoir affronter sa peur de grandir.

Moi, Peter Pan est un roman contemplatif, onirique et d’une poésie saisissante à lire en empruntant le chemin vers la deuxième étoile à droite avant de filer tout droit jusqu’au matin…

Mon avis :

J’ai voulu découvrir cette adaptation du Peter Pan de J.M. Barrie parce que je n’avais pas apprécié l’œuvre originale. Ici nous rencontrons un Peter Pan moderne, grincheux, au langage fleuri et actuel.

Première belle surprise du roman : la description du Village de Cocabanes est superbe, quoique succincte. Le pays de l’imaginaire est dépeint avec légèreté, nous offrant un panorama dépaysant.

L’autre jolie découverte du roman, c’est bien sûr la plume de l’auteur. Michael Roch aime manipuler les mots, les mêler, les gratter. Son texte est gorgé d’assonances et autres jeux sur les sonorités, emmitouflé dans une plume fraîche et musicale. C’est un roman qui tinte, qui chante, qui craque ; j’irais même jusqu’à dire qu’il fait partie des romans à lire à haute voix.

Elle se compare aux sirènes, aux fées, aux hirondelles, à Wendy et à tout plein d’autres choses. Et se comparer aux autres démolit le soi, en soi, brique par brique. Les autres paraissent toujours plus que nous : plus grands, plus beaux, plus intelligents, plus marrants, plus à l’aise, et plus heureux.

Après, je n’ai pas non plus été séduite par ce texte. L’écriture de l’auteur est certes poétique et pleine d’humour mais presque prétentieuse. Beaucoup de paraphrases alourdissent le texte et rendent la lecture pesante. De plus, le mélange d’élégance et de vulgarité m’a constamment sortie de ma lecture. J’ai regretté également les nombreuses ellipses qui donnent une impression disparate de diapositives jetées les unes après les autres.

Et pourtant certains passages sont très beaux et percutants, offrant des messages universels mais qu’il est toujours bon de rappeler. Michael Roch nous offre un regard philosophique sur la construction de l’identité beaucoup plus qu’un texte contemplatif : c’est à mes yeux un texte introspectif. Ce Peter Pan moderne, presque dérangeant parfois, nous confronte aux restes d’enfants qui persistent en nous.

Un être peut n’avoir fait que passer dans ta vie, il peut avoir marqué au tison l’envers de ta carcasse, l’important ce n’est ni lui, ni toi. L’important, c’est cette toile tissée entre vos deux âmes, ce tableau immatériel sur lequel vous aurez peint tous vos échanges.

C’est un texte sur la naïveté et la force de l’enfance, mais c’est surtout un texte sur la Peur, symbolisée par des « bestioles » qui rongent le ventre. Peter est assailli par la peur, de la première ligne à la dernière. Peur de grandir bien sûr, mais surtout peur de ne plus être lui, de perdre son identité en grandissant – et d’oublier Wendy peut-être ? Car Wendy n’est plus là, et le roman sonne presque comme une allégorie de la dépression sur fond de triangle amoureux.

Au final, voici un Peter Pan beaucoup plus sombre que l’œuvre originale ; la tristesse et le sentiment de perte y sont omniprésents. C’est un texte métaphorique qui tinte un peu comme un long rêve. Je suis passée à côté mais j’en retiens tout de même de très belles réflexions sur l’autre, sur soi-même et le monde. Un grand merci aux éditions Folio pour cette lecture.

Lien du roman :

Michael Roch, Moi, Peter Pan, Folio SF, 144 pages.

http://www.folio-lesite.fr/Catalogue/Folio/Folio-SF/Moi-Peter-Pan